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05.14.2025

Baromètre mondial des données- 2e édition : une boussole commune pour naviguer dans le paysage des données

Partout dans le monde, nous sommes à un tournant.

De l’intelligence artificielle à la gouvernance numérique, en passant par la transparence publique et la prestation de services, les données sont désormais une force fondamentale qui façonne le fonctionnement de nos sociétés et les personnes qu’elles servent. Elles recèlent un immense potentiel pour stimuler une croissance inclusive, favoriser la responsabilisation et soutenir les mesures urgentes face aux défis mondiaux. Et pourtant, l’accès à des données de haute qualité et exploitables est de plus en plus restreint.

Certains, comme Verhulst (2024), ont commencé à qualifier cette période de « hiver des données », marquée par une diminution de l’ouverture, une augmentation des inégalités d’accès et une fragmentation croissante de la gouvernance et de l’utilisation des données. Cette tendance représente un risque non seulement pour l’innovation, mais aussi pour les valeurs démocratiques qui sous-tendent la confiance, la participation et la responsabilité.

Dans ce contexte complexe, les données factuelles sont plus importantes que jamais. C’est pourquoi nous sommes fiers de lancer la deuxième édition du Baromètre mondial des données (GDB), une étude collaborative et comparative qui suit l’état des données pour le bien public dans 43 pays, en mettant l’accent sur l’Amérique latine et les Caraïbes (ALC) et l’Afrique.

Un baromètre pour le bien public

Le Baromètre est plus qu’un simple rapport, c’est un miroir. Il nous aide à comprendre où des progrès ont été réalisés, où des lacunes critiques persistent et quelles mesures sont nécessaires pour construire des écosystèmes de données plus sains et plus équitables.

Cette édition est le fruit du travail de plus de 40 chercheurs, centres régionaux et partenaires thématiques qui ont ensemble élaboré une analyse nuancée et profondément contextualisée de la manière dont les pays gouvernent, utilisent et facilitent l’accès aux données. Nous sommes particulièrement reconnaissants à nos partenaires régionaux, l’Initiative latino-américaine pour les données ouvertes (ILDA), l’Institut de recherche sur le développement local (LDRI) et le Caribbean Open Institute (COI), ainsi qu’à nos collaborateurs thématiques tels que le Partenariat pour un gouvernement ouvert, Transparency International, Open Contracting Partnership, Open Ownership, Land Portal et l’Initiative mondiale pour la transparence fiscale (GIFT). Leur expertise a permis à cette édition de refléter les conditions réelles.

Ce projet a été rendu possible grâce au généreux soutien du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et aux contributions de la Banque interaméricaine de développement (BID).

Pourquoi maintenant ?

Cette deuxième édition arrive à un moment crucial.

Depuis le lancement de sa première édition en 2022, le paysage des données a continué d’évoluer rapidement. À mesure que les systèmes d’IA s’intègrent de plus en plus dans la prise de décision publique, les préoccupations relatives à la qualité, à l’équité et à la gouvernance des données sont devenues encore plus pressantes. En l’absence d’une surveillance rigoureuse, les outils d’IA formés à partir de jeux de données incomplets ou biaisés risquent de renforcer les inégalités existantes et d’accroître l’opacité, en particulier dans les pays où l’espace civique est déjà restreint.

Dans le même temps, les gouvernements sont soumis à une pression croissante pour fournir des services publics numériques, garantir la transparence et gérer les données de manière responsable, tout en faisant face à des capacités institutionnelles et financières limitées.

Le Baromètre mondial des données est conçu pour répondre à cette situation. En offrant un aperçu comparatif de ce qui fonctionne et des lacunes qui subsistent, il fournit aux gouvernements, aux bailleurs de fonds et à la société civile les informations nécessaires pour réaliser des investissements plus intelligents, élaborer des politiques plus inclusives et demander des comptes aux systèmes.

Quels enseignements tirons-nous ?

Le Baromètre évalue les pays selon quatre dimensions : la gouvernance, les capacités et la disponibilité, tout en explorant des domaines transversaux clés tels que la préparation à l’IA, l’inclusion et l’utilisation des données. Voici quelques-unes des principales conclusions :

  • Le fossé entre la théorie et la pratique

De nombreux pays ont adopté des lois et des cadres pour la gouvernance des données, mais il existe un fossé profond entre la politique et la pratique. Sans institutions solides et sans capacités dédiées, même les cadres les mieux conçus sont insuffisants.

  • Le rôle des compétences et des infrastructures

Les données ne circulent pas et ne se traduisent pas en valeur sans les personnes et les systèmes nécessaires. En Amérique latine, dans les Caraïbes et en Afrique, nous constatons un sous-investissement dans les compétences, la formation et les infrastructures du secteur public nécessaires pour gérer et réutiliser efficacement les données.

  • L’IA évolue plus vite que la gouvernance

L’IA est de plus en plus présente dans les stratégies nationales, mais très peu de pays ont des politiques claires pour guider son utilisation éthique. Les cadres de gouvernance abordent rarement des questions telles que les biais algorithmiques, la qualité des données ou la responsabilité des décisions fondées sur l’IA.

  • Les données ouvertes nécessitent de nouveaux investissements

De nombreux pays autrefois considérés comme des champions des données ouvertes ont du mal à maintenir leurs efforts. Les obligations légales ne sont pas toujours accompagnées de mesures techniques ou de ressources. En conséquence, les initiatives en matière de données ouvertes risquent de perdre leur élan.

  • Les outils de transparence font défaut

Les ensembles de données essentiels à la transparence et à la lutte contre la corruption, tels que les registres des groupes d’intérêt, les données sur les bénéficiaires effectifs et les registres de financement politique, sont souvent manquants ou fragmentés. Il est donc difficile de suivre l’argent ou de demander des comptes aux institutions.

  • L’inclusion reste largement symbolique

Malgré les engagements en faveur de l’équité, la gouvernance inclusive des données reste l’exception. Les données sont rarement publiées dans les langues autochtones ou dans les langues non officielles largement parlées. L’accessibilité pour les personnes handicapées est souvent considérée comme une recommandation plutôt que comme une exigence.

  • L’interopérabilité reste un obstacle

Les efforts visant à relier les ensembles de données entre les différents services gouvernementaux, par exemple sur les marchés publics, les données sur les entreprises ou l’intégrité politique, sont rares. En l’absence de normes ou d’identifiants communs, il est difficile de suivre l’influence ou d’évaluer l’impact des politiques de manière globale.

Perspectives régionales

Les conclusions brossent un tableau nuancé selon les régions.

  • En Amérique latine et dans les Caraïbes, les pays ont généralement des capacités institutionnelles plus solides et des infrastructures numériques mieux établies. Cependant, les défis liés à la coordination interinstitutionnelle et au maintien de la volonté politique ralentissent les progrès.
  • En Afrique, une dynamique réelle s’est engagée en faveur de la réforme des politiques, en particulier dans des domaines tels que la protection des données. Toutefois, les obstacles à la mise en œuvre liés aux infrastructures, au financement et aux capacités institutionnelles restent importants.

Une responsabilité partagée

Le Baromètre n’est pas un tableau de bord, mais une boussole commune.

Il invite les gouvernements, la société civile, les bailleurs de fonds et les organisations internationales à travailler ensemble pour combler les lacunes, renforcer la responsabilité et mettre en place des systèmes de données inclusifs et fiables qui soutiennent la démocratie et le développement.

Alors que les discussions mondiales se poursuivent sur la souveraineté des données, les infrastructures publiques numériques et l’IA responsable, le Baromètre fournit des données essentielles pour orienter les priorités nationales et façonner les agendas mondiaux.

Nous espérons que ce travail suscite le dialogue, alimente les réformes et soutienne ceux qui sont en première ligne pour construire de meilleurs systèmes de données, non pas pour leur propre intérêt, mais pour le bien public.

Découvrez les résultats, les données par pays et les modules thématiques sur : https://globaldatabarometer.org/

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